Le Piège de la hype : Quand le talent peut devenir un Fardeau

La NBA est de retour à Paris. Victor Wembanyama, nouvelle icône du basket français, fait vibrer les foules sous les couleurs des San Antonio Spurs. Une série de matchs qui éveillent un enthousiasme contagieux. Journal télévisé, journalistes, paparazzi, même le Parc des Princes a eu son moment Wembi ( d'ailleurs bravo au PSG pour cet exploit retentissant face à City). Pourtant, dans l’ombre de ce prodige, une autre histoire m’habite. Une histoire que je ressens aujourd'hui l’impérieux besoin de partager: celle de Tahirou Sani, un jeune Malien qui a traversé ma vie comme un éclair de génie. Un prodige. Un guerrier. Mais surtout, mon fils de cœur.

Un coup de foudre au Tournoi mondial de Douai

C’était en 1999, au cœur du prestigieux Tournoi international juniors de Douai, que mon père, Richard Ciesielski a organisé pendant près de 20 ans avec une passion inébranlable. Plus qu’une compétition, c’était un carrefour des talents venus des quatre coins du globe ( 74 joueurs passés en NBA, les plus grandes équipes nationales juniors et des noms qui résonnent au delà de la planète basket: Kevin Durant, Carmelo Anthony, Tony Parker, Les frère Lopez). D'ailleurs on me demande souvent quand "Douai" va reprendre parce que c'était the place to be to basket avant même les young star game ou tournoi aau. Cette année-là, le Mali était présent, grâce aux liens forts que mon père avait tissés avec ce pays au travers d'un autre chti Jean Degros. 

Tahirou était déjà une révélation, et lorsque le tournoi s’est achevé, avec Rob Meurs, mon mentor, alors que je travaillais en tant que SCOUT NBA, nous allions prendre une décision qui allait changer nos vies : l’amener en France. Pendant que j’étais à Milan avec les San Antonio Spurs justement pour le Mac Donald Open, Tahirou était accueilli à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle par mon papa et Hubert, le père d’un futur coéquipier de Tahirou ( coéquipier que j'ai ensuite accompagné pour le signer en D1 à Northeastern ( Baptiste Bataille) , pour offrir à ce jeune talent une chance unique. Tahirou avait 14 ans lorsqu’il est arrivé à Douai, mais son aura transcendait son âge.

Le prodige qui a conquis le Nord

Sur les parquets du Nord, Tahirou était irrésistible. Ses performances ( voir en bas de l'article le tableau qui fait mal aux yeux) étaient d’une ampleur inédite : 54 points et 29 rebonds dans un match, un quadruple-double ici, une évaluation record de 141 là. Les journalistes étaient unanimes, les recruteurs émerveillés. Rob Meurs, l’un des dénicheurs de talents les plus respectés, avait même déclaré : « Je n’ai jamais vu un joueur de 14 ans avec de telles qualités ! ». Notre ami Linzy Davis qui a vu passé entre ses mains de nombreuses stars de la NBA était aussi formel : « Tahirou était souvent comparé à Lebron James au même age par les recruteurs américains ».

Mais ce n’était pas seulement sur le terrain qu’il brillait. Chez nous, Tahirou est devenu bien plus qu’un athlète. Avec mon épouse, nous lui avons offert un foyer, et il nous a offert une leçon d’humanité. Nos enfants, Baptiste et Mathilde, le considèrent encore aujourd’hui comme leur grand frère. Ce n’était pas seulement un prodige du basket. C’était un être exceptionnel, dont la grâce à l’intérieur égalait celle sur le terrain.

Les tempêtes du rêve éveillé

Mais le succès ne vient jamais sans ses tempêtes. Rapidement, notre foyer est devenu le théâtre d’un ballet incessant. Agents, recruteurs, clubs, promesses éblouissantes : certains étaient sincères, d’autres habiles illusionnistes. Les colis de marques prestigieuses remplis d’équipements floqués à son nom arrivaient sans cesse, mais avec eux, la pression et les jalousies.

Un moment marquant reste cette rencontre avec Philippe Maucourant, alors coach au centre de formation de Limoges et devenu un ami ( il coach à Orchies et on parle souvent de Tahirou justement). Un homme d’une droiture rare, qui a su parler avec honnêteté et vision. Pourtant, malgré les belles opportunités, les embûches étaient nombreuses. Rejoindre le BCM Gravelines était censé être le tournant, mais la réalité du sport professionnel était impitoyable : quotas d’étrangers, compétition féroce avec les Américains, manque de temps de jeu. Le rêve semblait s’éloigner, malgré son acharnement et son immense potentiel.

Je voyais son courage, mais aussi sa frustration. « Si j’avais joué plus tôt, les choses auraient été différentes,» me confiait-il souvent. Il portait sur ses épaules le poids d’un destin qui semblait lui échapper.

Un marathon de résilience

Malgré tout, Tahirou n’a jamais abdiqué. Pendant près de 25 ans déjà, il a joué dans 16 clubs à travers la France et l’Europe, découvrant l’Islande, affrontant l’imprévisible. Et il continue de faire les beaux jours du PAC de GUISE qui l’a accueilli avec son irrésistible président Yves Chatelain et qui lui permet de se reconvertir tout en jouant en championnat régional à l ‘abris des regards mais toujours avec le même sérieux. Chaque étape était une épreuve, mais aussi une leçon. Jamais il n’a perdu de vue l’essentiel : soutenir sa famille restée au Mali, inspirer les jeunes, trouver une paix intérieure et construire sa famille.

Aujourd’hui, à 39 ans, il est l’époux d’une femme merveilleuse et le papa de trois enfants que nous aimons comme nos propres petits-enfants. Pour moi, c’est là la vraie victoire : celle d’avoir bâti une vie pleine de sens et d’amour.

Pour les étoiles de demain

En regardant le Young Star Game hier, j’ai pensé à Tahirou et à tous ces jeunes. Leur talent est leur passeport, mais leur entourage est leur réserve de carburant. Ce dont ils ont besoin, ce n’est pas seulement de hype, mais de racines solides et d’ailes sincères. Un mentorat bienveillant, une famille présente, et des conseillers honnêtes.

C’est pourquoi j’ai décidé de créer THE BOUNCE ZONE, pour créer un écosystème favorable à un développement authentique de chaque athlète sur et en dehors du terrain et que je sors prochainement un livre : "Ne gâchez plus leurs rêves". Ce livre sera une invitation à protéger ces talents. À ne pas les laisser être emportés par des promesses vides, mais à leur offrir un cadre où ils peuvent s’épanouir. Trop de rêves s’éteignent faute de guidance. C'est pour cela que ma mission de mentorer ces jeunes sportifs est devenu une évidence pour moi ( et pas que dans le basketball même si évidemment la passion de ce sport qui m'a tant donné est toujours là et intact) 

Alors que Victor Wembanyama illumine les parquets, rappelons-nous que chaque prodige est avant tout un humain. Tahirou Sani n’a peut-être pas atteint les sommets espérés, mais il est une étoile dans nos cœurs. Son histoire est une leçon de résilience et d’amour inconditionnel.

Merci, Tahirou, de nous avoir offert ce privilège. Nous t’aimons comme notre fils et le ferons pour toujours. Tu es, et tu resteras, une étoile dans la constellation de nos vies.

Votre talent mérite le meilleur accompagnement

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JEAN PIERRE CIESIELSKI 

THE BOUNCE MENTOR

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