NE GACHEZ PAS LEURS RÊVES: quand l’obsession du résultat étouffe l’enfance

Chaque week-end, sur les terrains, une scène inquiétante se répète : des enfants jouent sous la pression écrasante des parents mal préparés, des coachs piégés par l’obsession de la victoire, et des dirigeants qui sacrifient l’épanouissement au profit d’une gloire éphémère. Dans cet article, découvrez comment ce système toxique étouffe l'enfance, freine le développement des jeunes athlètes et brise leurs rêves sportifs. Mentor d’athlètes et fondateur de The Bounce Mentor, je décrypte sans détour cette mécanique destructrice, tout en vous donnant des pistes concrètes pour changer les mentalités et protéger les enfants. ✅ Parce que le sport doit libérer, pas étouffer !

ACTUALITESMENTORINGDEVELOPPEMENT PERSONNEL

JP CIESIELSKI

4/5/20256 min read

Cette semaine, dans La Voix des Sports, je lisais un dossier spécial de 4 pages sur un sujet sensible et essentiel : la parentalité sportive. Un univers où la pression parentale atteint parfois l’absurde : cris permanents au bord du terrain, menaces, bagarres, conflits ouverts avec les entraîneurs ou intrusion permanente dans les décisions des clubs. Au centre de ce tumulte inquiétant, un enfant qui n’a rien demandé. Si le jeune athlète rate son geste, papa fronce immédiatement les sourcils ; s’il réussit à marquer, il doit très vite célébrer avant d’entendre le fameux « c’est bien, mais tu pouvais faire mieux ! »

Désormais, des gamins de 10 ans sont filmés pour des vidéos “highlights”, montées comme des finales NBA : musique épique, ralentis dramatiques et titres accrocheurs en majuscules tels que “FUTURE STAR”, “NEXT STEPH CURRY”. Sur instagram ou tiktok, les images circulent, les likes s’accumulent, accompagnés de commentaires extatiques : « Ça promet ! ». Et puis vient le revers : lorsque l’enfant enchaîne les mauvais résultats, les parents déchantent et la famille se demande, avec une froideur glaciale : « Avons-nous perdu notre mise, comme un mauvais placement en bourse ? ». et on le voit autant aux USA qu'en Europe.

Une pression venue de tous côtés

Les coachs, censés être des éducateurs, se révèlent parfois être les complices actifs de cette dérive. Trop souvent obsédés par un simple titre régional en catégorie U13, ils imposent à des enfants de 12 ans des séances dignes de sportifs professionnels adultes, ignorant volontairement les limites physiques et psychologiques des jeunes athlètes. Ils crient, fulminent au moindre geste maladroit, menacent ouvertement de mettre sur le banc les enfants jugés insuffisamment « agressifs ». Certains entraîneurs oublient totalement leur rôle formateur au profit d’une victoire immédiate, jetant sur leurs joueurs un climat permanent de peur et de culpabilité. Un ami entraîneur utilise souvent cette formule : « quand l’enjeu tue le jeu… », et force est de constater que la tendance s'accentue au détriment du plaisir et de l’épanouissement personnel des enfants.

Du côté des dirigeants de clubs, le tableau n’est pas plus rassurant. Nombre d’entre eux adoptent une logique de recrutement déconcertante, cherchant la gloire instantanée plutôt que l’épanouissement durable de l’enfant : « On recrute ce mini-génie à 40 kilomètres, il nous fera gagner le championnat U14 et ramènera des sponsors ! » Or, dès que la jeune recrue s’épuise sous le poids des trajets quotidiens et du rythme imposé, on l’écarte sans scrupules, prêt à aller piocher ailleurs la prochaine « pépite ». Cette pratique toxique est devenue monnaie courante dans tous les sports : football, basket, handball… Et je ne parle même pas des phases dites « de détection » en janvier ou février, en plein milieu d’une saison, qui perturbent la stabilité émotionnelle des jeunes et placent les parents face à des enjeux complexes qu’ils ne sont jamais réellement préparés à gérer.

Un système qui a complètement basculé

Ce qui était impensable il y a encore peu de temps est désormais banalisé. Les parents, totalement dénués de formation ou de ligne directrice « marketent » leur enfant comme un simple produit sur Instagram. Les coachs, pris au piège de leur propre égo, dramatisent chaque défaite comme si elle remettait en cause leur compétence personnelle. Les dirigeants cèdent aux sirènes du court-terme et s’enivrent de trophées locaux en oubliant totalement le développement humain des jeunes athlètes. Et je ne vous raconte pas aux USA avec l'arrivée du Name,Image and Likeness ( droits à l'image) qui font tourner la tête avant de penser à une vision plus long terme.

Résultat : des enfants/adolescent(e)s fatigués, anxieux, déprimés, persuadés de jouer leur vie entière à chaque match ou chaque compétition. Certaines familles dépensent des sommes astronomiques dans des stages privés, espérant accélérer le succès sportif, sans comprendre qu’elles alimentent un système dangereux pour leurs propres enfants.

Alors, à qui la faute ?

Aux parents uniquement, trop pressés de voir éclore une star sportive qu'ils oublient totalement leur devoir éducatif ? Aux coachs, qui ont confondu leur rôle formateur avec la quête compulsive d’un CV bien garni et d’une reconnaissance immédiate ? Ou aux dirigeants de clubs, focalisés sur des résultats éphémères pour séduire sponsors et élus locaux ?

La responsabilité est collective. Il serait injuste de désigner un seul coupable : le fantasme de découvrir le prochain Mbappé ou Curry, la pression des coachs en quête de gloire personnelle, la course des dirigeants aux subventions et à l’image de marque, le manque total de formation et d’accompagnement éducatif pour les parents… Toutes ces dérives participent à une même mécanique toxique.

Le grand oublié dans ce système ? L’enfant ou l’adolescent(e), privé(e) de sourire, de droit à l’erreur, d’espace pour progresser naturellement. À dix ans, doit-on vraiment brandir sur les réseaux sociaux un enfant comme le prochain Lebron James , puis lui imposer un coach personnel à plein temps, simplement pour ramener un trophée local ? vraiment?? pensez y juste une seconde?

Rêve ou obsession ?

Rêver d’un destin sportif exceptionnel est naturel et beau. Mais lorsque ce rêve vire à l’obsession maladive, c’est l’enfance elle-même qu’on détruit. L’enfant, au lieu de savourer simplement ses week-ends sportifs, devient anxieux, redoute constamment le jugement et le rejet parental ou du coach, coincé entre une « hype » absurde et la crainte d’être abandonné s’il ne satisfait pas les attentes.

Pourtant, il est encore temps de rectifier la trajectoire. Une éducation sportive saine reste tout à fait possible : des parents mieux informés, conscients et bienveillants ; des coachs formés à une pédagogie équilibrée, exigeants sans devenir toxiques ; des dirigeants de clubs investis sur le long terme, déterminés à préserver l’intégrité physique et psychologique de chaque enfant.

Une conférence et un livre pour changer de cap

Parce que je souhaite dénoncer clairement cette mécanique destructrice et promouvoir une démarche constructive, je lance ma conférence intitulée « Ne gâchez pas leurs rêves ». Je décortiquerai les rouages pervers de cette obsession malsaine et proposerai des solutions pratiques, concrètes et positives pour que le sport demeure un espace de joie, de plaisir et de croissance personnelle, et non une broyeuse d’enfance.

Un livre du même nom paraîtra avant l’été : témoignages forts, analyses pertinentes, outils pédagogiques et plans d’action concrets pour accompagner les adultes dans leur rôle éducatif sportif. L’objectif est clair : redonner aux jeunes sportifs le sourire, le plaisir, l’insouciance de jouer.

Car la frontière entre un rêve sain et une obsession dangereuse est mince. À nous tous, parents, coachs, dirigeants, de la respecter scrupuleusement, pour ne pas gâcher leurs rêves.

Si vous êtes intéressés pour accueillir ma conférence dans votre club, pour plus d’infos contact@thebouncementor.com

Jean Pierre Ciesielski

© ELBI CREATIVE Avril 2025. Tous les droits d'auteur sont réservés. Toute reproduction, même partielle, est strictement interdite sans l'autorisation préalable de l'auteur. Cet article ne constitue pas un avis médical. Les informations et conseils partagés ici sont basés sur des recherches et des expériences en performance et préparation mentale. Ils ne remplacent en aucun cas un diagnostic ou un traitement médical prescrit par un professionnel de santé.⚠️ En cas de blessure ou de douleur persistante, consultez un médecin, un kinésithérapeute ou un professionnel de santé qualifié avant d’entreprendre toute démarche de rééducation ou d’entraînement.L’éditeur et l’auteur ne sauraient être tenus pour responsables d’un mésusage des conseils donnés dans cet article.🙏 Prenez soin de votre corps et écoutez toujours les recommandations médicales adaptées à votre situation.

The Bounce Zone – Optimisation de la résilience physique et mentale des athlètes. 🚀